Amis, Citoyens, Compagnons, Camarades,
Je vous apporte le salut fraternel de la Fédération nationale de la Libre Pensée et de la Fédération nationale Laïque des Associations des Amis des Monuments aux morts pacifistes.
Une nouvelle fois, avec chaque année plus de force encore, la Libre Pensée est à l’initiative de plus de 130 rassemblements et initiatives autour du 11 novembre devant les monuments pacifistes. Nous en découvrons d’ailleurs régulièrement de nouveaux. C’est tout un pan de l’histoire du mouvement ouvrier, pacifiste et internationaliste qui a été occulté par les bellicistes de droite comme de gauche, que la Libre Pensée fait remonter à la surface de la conscience collective des citoyennes et des citoyens de ce pays.
Depuis des décennies, la Libre Pensée combat avec énergie pour que justice et honneur soient rendus aux Fusillés pour l’exemple de la Première Guerre mondiale. Sur ce chemin de liberté, nous avons rencontré beaucoup d’appuis, ce qui en dit bien long sur le pays réel. Malgré le fait que beaucoup de médias aux ordres veulent taire l’action de la Libre Pensée, force est de constater que ne cessent de passer sur les écrans de télévisons les documentaires et les films sur cette tragédie. Depuis un an, la presse locale ne cesse d’écrire sur les Fusillés, sur ces enfants des villes et des campagnes assassinés PAR des balles françaises.
Nous avons réussi notre engagement : personne ne peut évoquer le centenaire de la Grande boucherie impérialiste sans mentionner les Fusillés pour l’exemple. Nous avons gagné la bataille de l’opinion. Et ce n’est pas une mince affaire.
Et ce,
contre le Président de la République qui s’est renié,
contre le Sénat qui pour une fois dans son histoire aurait pu être utile à quelque chose et qui s’est fourvoyé une nouvelle fois en refusant de rendre leur honneur aux soldats français tombés sous les balles françaises,
contre l’Assemblée nationale, assemblée croupion de la Ve République, qui refuse d’entendre la voix du peuple alors qu’elle est censée le représenter.
Le gouvernement français fait la guerre en différentes contrées du monde. Quand on bombarde, quand on tue, quand on occupe un territoire qui n’est pas le sien, comme au bon vieux temps de la coloniale et de l’Empire ; alors bien sûr, on ne peut réhabiliter ceux qui ont su dire non à la barbarie et à la guerre. Quand le sang coule partout sur tous les continents, alors il faut l’Union sacrée. « L’Etat a une longue histoire, elle est pleine de sang » disait Clémenceau, un connaisseur.
L’Union sacrée c’est toujours faite, hier comme aujourd’hui, avec les généraux, avec les fusilleurs, avec les patrons et avec les curés. Ce monde inquiet sent toujours la poudre et l’eau bénite. Quand on fait l’Union sacrée, pas question pour ceux qui nous gouvernent de fâcher leur sainte-mère-l’Eglise. Il faut que les milliards tombent toujours dans son escarcelle au nom de la loi Debré et des lois de Vichy qui n’ont jamais été abrogées.
Il faut la bénédiction des prélats, pasteurs, rabbins et imams pour lutter contre « l’axe du mal » au nom de « l’axe du bien » et « pour une guerre juste » si cher à Georges W. Bush, à Barack Obama et au complexe militaro-industriel des Etats-Unis. Comme en 1914-1918, pendant les guerres, les affaires continuent.
Les dépenses d’armement dans le monde se montent à 3,5 milliards de dollars par jour, soit 1 464 milliards d’euros par an. Les dépenses militaires ont augmenté de 50% entre 2001 et 2010. Celles des Etats-Unis représentent 43% du total mondial. Et vous vous demandez pourquoi il y a la guerre ? Parce que cela rapporte et beaucoup aux capitalistes. Ces dépenses sont 2,60% du Produit National Brut mondial. Avec moins de 1%, on supprimerait à tout jamais la misère sur la planète.
Mais il faut l’Union sacrée avec les patrons pour tout sacrifier à la rechercher du sacro-saint profit capitaliste et financier. Il faut satisfaire aux exigences du CAC-40, des agences de notation, de la Banque mondiale, du FMI et de l’Union européenne. Et pour cela, il faut détruire les acquis sociaux, les emplois dans les usines, les postes dans les administrations. Il faut faire table rase de la Sécurité sociale et des conquêtes sociales.
Alors, réhabiliter ceux qui ont dit non à tout cela, « vous n’y pensez quand même pas ». On doit exalter le « sacrifice » pour le bien de la Nation, confondu allégrement avec celui des capitalistes et des gouvernants. Les Grands de ce monde sont toujours prêts à sacrifier la dernière goutte du sang des autres et le dernier acquis social des salariés pour leurs intérêts. La devise du libéralisme a toujours été : « Pourquoi faire payer les riches, quand les pauvres sont si nombreux ? ».
Le 11 novembre auquel nous participons n’est pas celui des galonnés, des mitrés et des ministricules qui vantent les mérites de ceux qui sont morts à leur place, alors qu’eux sont bien vivants et vivent bien de leurs rentes de situation. Leur 11 novembre est celui des défilés militaristes qui glorifient la guerre, alors que le 11 novembre, à l’origine, était celui des anciens combattants qui refusaient la guerre. « Plus jamais cela ! » proclamaient-ils. Et maudite soit la guerre, maudites soient toutes les guerres !
La démonstration a été faite : il n’y a rien à attendre de ce gouvernement et des Assemblées aux ordres, pour obtenir que la Justice soit rendue aux Fusillés pour l’exemple. Rien à attendre d’un Ministre aux Anciens combattants, Kader Arif qui confond visiblement son rôle de Ministre et celui de comique troupier. Il a tout dit et son contraire, il a tout promis et tout abjuré.Jacques Prévert avait raison : »Quand la guerre vient, toute l’intelligence est dans le clairon ».
C’est pourquoi, à compter de ce jour, commence une nouvelle ère. La Libre Pensée propose que soit érigé sur la ligne de front, un monument en hommage aux 639 Fusillés pour l’exemple. Nous allons donc lancer une grande souscription pour cela. Nous en appelons à tous, car nous sommes aussi la République ! Et la République réhabilitera les Fusillés pour l’exemple avec tous ceux qui se reconnaissent dans ce combat de justice.
Contre ce combat pour rendre leur honneur aux soldats fusillés et à leur famille qui ont subi l’opprobre et la honte, les faux arguments l’ont disputé aux fausses promesses. On nous a dit que l’on ne pouvait réhabiliter collectivement les soldats fauchés par les pelotons d’exécution, car il y avait des droits communs parmi eux.
Cet argument n’a jamais prévalu pour la Libre Pensée, car, avec Voltaire, elle proclame « qu’il vaut mieux un coupable en liberté qu’un innocent en prison ». Mais même le Ministère des Anciens combattants a fait litière de l’argument des droits communs. Il a, par un communiqué du 24 octobre 2014, dû reconnaitre la véracité de la position de la Libre Pensée. Selon le ministère, il y aurait eu 639 Fusillés pour l’exemple pour « désobéissance militaire » et 369 fusillés pour « actes de droit commun, trahison, espionnage, motifs inconnus ». Ce qui ferait un total de 1 008 selon Kader Arif, encore un chiffre différent que celui de 918 donné aux sénateurs le 19 juin 2014. Laissons au ministère la responsabilité de sa valse-hésitation sur les chiffres !
Mais force est de constater que, désormais, il n’y a plus de possibilité d’embrouiller les choses : le gouvernement établit la très nette distinction entre les Fusillés pour l’exemple et les autres fusillés. Il rend compte ainsi – et c’est là l’essentiel – de la situation précise formulée par la Libre Pensée. Dès lors, il n’y a plus aucun obstacle de clarté et de connaissance de la vérité pour la réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple !
Pour les combattants de la justice qui œuvrent à la réhabilitation collective, il faut bannir à tout jamais la peine de mort. Il ne saurait y avoir de bonnes ou de mauvaises peines de mort. On ne peut tergiverser. On ne règle par les problèmes de la société en tuant son voisin. Tous ceux qui refusent la réhabilitation collective sont-ils pour « le cas par cas » quand il s’agit de la peine de mort ? La peine de mort, on est pour ou on est contre. C’est une question de principe.
La guerre est la première des religions. Elle vient de la nuit des temps. Toutes les religions ont participé, peu ou prou, aux massacres collectifs. Il faut sortir l’Humanité de la nuit noire de la barbarie. Les libres penseurs ne sont responsables d’aucune guerre, si ce n’est de celle que le cléricalisme leur fait en permanence.
Le sens de notre combat pour que justice et honneur soient rendus aux 639 Fusillés pour l’exemple est qu’il faut faire reconnaitre le droit à la désobéissance, le droit de refuser de tuer des êtres humains. C’est aussi pourquoi, nous ferons les 13 et 14 décembre 2014 à Soissons, dans l’Aisne sur les lieux mêmes des tranchées du front, le procès des généraux fusilleurs et assassins. Nous établirons leur responsabilité dans cette horrible tragédie. Nous les déclarerons coupables de crimes devant la conscience de l’Humanité.
Et c’est aussi pourquoi, en décembre 2015, à Saint-Nazaire, nous ferons un colloque en hommage aux combattants de la liberté sur le thème : « Déserteurs, mutins, pacifistes, antimilitaristes de tous les pays et de toutes les guerres, unissez-vous »
Amis, citoyens, compagnons, camarades,
Nous voulons aujourd’hui, une nouvelle fois, remercier encore l’Association Républicaine des Anciens Combattants, l’Union Pacifiste de France, le Mouvement de la Paix et les très nombreuses sections de la Ligue des Droits de l’Homme qui combattent à nos côtés pour que Justice soit rendue.
Merci encore aux syndicats de la CGT et de la CGT-Force Ouvrière qui, au nom et en mémoire de tous les militants et syndiqués de la CGT originelle qui ont subi ces injustices et cette barbarie, exigent la réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple.
Merci aux 30 Conseils généraux, aux 3 Conseils régionaux, au millier de Conseils municipaux à travers tout le pays qui exigent, d’une voix de plus en plus forte, cette réhabilitation de justice.
Merci à ceux qui continuent de prendre position, indiquant clairement que la République, c’est aussi eux, la République c’est aussi nous !
Merci enfin à vous tous, d’horizons divers, connus ou inconnus, qui vous êtes mobilisés depuis tant d’années pour cette noble et juste cause.
Ni dieu, ni maître !
A bas la Calotte et vive la Sociale !