Le mercredi 29 avril, des enseignants chercheurs, doctorants et stagiaires de l’unité GECCO (1) de l’Université d’Angers ont été agressés par un groupe d’activistes ’zadistes’. Ces derniers, portant des cagoules, ont fracassé les vitres de leur voiture de fonction, dilacéré les pneus, et jeté le matériel scientifique de récolte et de mesure dans les fossés avoisinants. Ils ont également enjoint aux chercheurs de déguerpir de cette ’zone à défendre’ située sur l’implantation prévue du projet d’aéroport de Notre-Dame- des-Landes, près de Nantes.
Les chercheurs, membres d’une unité bien reconnue en écologie scientifique, menaient des travaux sur cette zone depuis de nombreuses années. Les zadistes les ont accusés de travailler pour la société AGO-Vinci et, par conséquent, de justifier par leurs travaux l’implantation de l’aéroport. Ils n’ont aucun argument à produire, à supposer que cela soit déterminant, pour étayer cette thèse.
Sur leur blog, ils se vantent bruyamment de cette opération d’agression, assortissant leurs invectives de déclarations ahurissantes telles que : ’ les tritons marbrés habitant les mares alentours semblent se porter fort bien, n’ont rien demandé à personne et se voient expulsés sans préavis de leurs habitats à grand renfort de pièges en seaux de mayonnaise, subtilement lestés de bouteilles d’eau minérale, dans un style digne d’un bricolage de maternelle,’.
Est-ce autre chose qu’une profession de foi d’obscurantisme ?
Ils ajoutent : ’Sachez que notre implantation sur le territoire est telle que nul ne pourra déjouer l’acuité de notre réseau de partenaires. C’est pourquoi, nous, agents de la DREAL, (Délinquance Rigolarde et Efficace contre l’Aéroport et ses Lampistes), invitons le laboratoire Gecco à méditer sur cet incident et à en tirer rapidement les conséquences avant que d’autres ne surviennent’.
De quoi s’agit-il ? Zone à défendre, ou zone occupée ?
Quelle que soit l’opinion que l’on a sur le projet d’aéroport de Notre-Dame- des-Landes et sur l’intérêt ou l’importance des zones humides, est-il admissible de s’opposer à la liberté de la recherche, d’agresser des écologues au nom de l’écologie ? Et de quel droit ? Au nom de qui ? Sur quel mandat ?
La Libre Pensée condamne avec la plus grande fermeté cette agression d’une équipe scientifique dans l’exercice de son travail de recherche. Rien ne la justifie, pas plus d’ailleurs que n’importe quelle agression de travailleurs dans l’exercice de leur métier. En l’occurrence, elle est particulièrement grotesque, car ce sont les travaux des scientifiques qui ont démontré l’importance écologique des zones humides comme dépolluants, zones tampons en hydrologie, et réservoirs de faune et de flore sauvages. Les déclarations des zadistes, signifiant ’on en sait assez’ sont caractéristiques de leur pensée : ’à bas la science, même écologique’. Nous sommes pleinement solidaires des personnels du GECCO.
(1) GECCO= Groupe écologie et conservation des vertébrés