Lettre ouverte aux faussaires de l’Histoire des Fusillés pour l’exemple

La Fédération nationale de la Libre Pensée s’honore d’avoir remis en avant la question des Fusillés pour l’exemple de la Guerre de 1914-1918, dans les années 1990. A la suite de ces initiatives, les associations comme l’Association Républicaine des Anciens-Combattants, la Ligue des Droits de l’Homme, l’Union Pacifiste de France, le Mouvement de la Paix et les syndicats FO et CGT se sont mobilisés pour la réhabilitation des 639 Fusillés pour l’exemple. Le Secrétaire général de la CGT–Force Ouvrière se prononçait aussi récemment pour la réhabilitation collective de ces victimes de la guerre.

L’opinion publique a toujours marqué un intérêt constant et soutenu contre cette injustice. Personne n’a pu effacer cela de la mémoire collective, c’est pourquoi la Libre Pensée, tout en saluant sa déclaration, n’a pu soutenir les propos de Lionel Jospin, alors Premier ministre en 1998, invitant à les « réintégrer dans la mémoire collective », car ils ne l’avaient jamais quitté. Les films et documentaires sur ce « massacre des innocents » sont aujourd’hui nombreux, ils sont soutenus par le public, et montrent la réalité de l’analyse de la Libre Pensée. La mémoire des Fusillés n’a pu être occultée, elle est toujours présente dans la mémoire collective.

Il y a  plus de 100 rassemblements pacifistes et internationalistes chaque année  qui regroupent entre 8 000 et 10 000 personnes autour de monuments et de lieux pacifistes, à l’initiative de la Libre Pensée. C’est aussi l’Appel à la République des descendants des Fusillés qui rencontre un écho grandissant. C’est enfin, le Monument en hommage aux 639 Fusillés qui sera inauguré à Chauny dans l’Aisne le 6 avril 2019,  jour anniversaire du rassemblement de 30 000 personnes en hommage à Jean Jaurès, le 6 avril 1919.

Mais tout le monde n’a pas eu cette élégance historique

Comment ne pas constater que des « historiens  officiels » ou en passe de le devenir, se sont servis de la cause des Fusillés pour se faire une renommée ? Ils ont surfé sur cette exigence populaire de réhabilitation pour mieux l’abandonner  ensuite en échange de « reconnaissances » officielles, parfois sonnantes et trébuchantes. Force est de constater que certains ont repris la thèse du « consentement » que plus personne ne soutient réellement aujourd’hui. Force est de constater aussi que beaucoup ont indiqué que les Fusillés avaient été des lâches, des violeurs, des espions, des gens de mauvaise réputation. Un « historien » officiel, chargé de missions non-moins officielles, a eu même le culot de prétendre que réhabiliter collectivement les 639 Fusillés pour l’exemple serait la réhabilitation de Mata-Hari.

Celle-ci a été fusillée, à tort ou à raison, pour espionnage, ce qui n’a rien à voir avec la désobéissance, la désertion, la mutinerie qui sont des faits de refus de la boucherie et de mourir pour rien. D’ailleurs, le Ministère de la Défense en 2014 avait clairement établi les différences de catégories de Fusillés, ce qui avait abouti au chiffre de 639 exécutés pour désobéissance. C’est d’ailleurs le chiffre indiqué aux Invalides et qui met en rage quelques faussaires, dont la « contestation » ne vise qu’à obscurcir le problème en mélangeant tout.

Trois Présidents de la République se sont trouvés confrontés à l’exigence de réhabilitation collective, portée par la Libre Pensée. D’abord Nicolas Sarkozy, dont il faut bien reconnaitre qu’il fut celui qui alla le plus loin vers la réhabilitation, sans doute avec le concours d’Henri Guaino. Il fut au bord de prononcer les paroles que souhaitait l’opinion publique, mais s’arrêta au dernier moment.

Il y eut ensuite François Hollande qui avait pris publiquement cet engagement lors de la campagne électorale des présidentielles (dans la suite de sa prise de position comme Président du Conseil général de Corrèze) et qui l’abandonna très rapidement. Pour camoufler ce reniement, il fit installer une salle commune aux Invalides où la mémoire des Fusillés est mélangée avec celle des Fusilleurs. Bourreaux et victimes mélangés dans le même opprobre. Quelle honte !

Indéniablement, le pire est Emmanuel Macron qui n’eut jamais le moindre mot de compassion pour les Fusillés, contrairement, au moins en apparence, à ces deux prédécesseurs. Le 16 juillet 2018, il fit répondre par son chef de cabinet à un maire de Seine-Maritime que les Fusillés « avaient faillis à leurs devoirs ».

Qui a failli à son devoir ?

Ce ne sont pas les victimes de la guerre, les Fusillés, qui ont dit Non ! au massacre. Ils ont refusé d’attaquer, mais pas de défendre. C’est la symbolique même des fusils « crosses en l’air ». Ceux qui ont failli, ce sont les Présidents de la République qui ont refusé de rendre la justice, de réparer la honte et de rendre leur honneur à des soldats et sous-officiers qui n’en pouvaient plus de quatre années de guerre horrible.

Rappelons qu’un très grand nombre de ces soldats avaient déjà été mobilisés avant la guerre par la loi des trois ans et qu’ils étaient des rappelés. Certains sont restés près de 10 ans sous l’uniforme, car tout n’a pas commencé en 1914 et tout ne s’est pas terminé en 1918.

Comment un Président de la République qui n’a jamais porté l’uniforme, fait le service militaire, connu la guerre personnellement et qui, quand il a un coup de fatigue, prend quatre jours de repos sous les sunlights des médias, peut-il juger ainsi des milliers de soldats éprouvés par le sang, la sueur, la haine, la boue, le crime, l’horreur, la boucherie ? Qu’aurait-il fait dans les tranchées ?

Un parcours mémoriel au goût de sang et de cendres

A grand renfort médiatique, Emmanuel Macron annonce qu’il va faire un « parcours mémoriel » pour dialoguer avec la population. Gageons qu’il n’aura pas un mot de compassion, d’empathie pour les Fusillés pour l’exemple. Pour l’éclairer utilement, voici la réalité de son parcours de sang et de morts :

Aisne: 55 fusillés – Ardennes: 1 fusillé – Marne: 175 fusillés – Meurthe et Moselle: 36 fusillés – Meuse: 131 fusillés – Nord: 10 fusillés – Oise: 35 fusillés – Pas de Calais: 61 fusillés – Somme: 44 fusillés

A cela, il faut ajouter les centaines de milliers de morts, victimes de l’incurie et l’impéritie d’un état-major qu’Emmanuel Macron ne manquera pas de féliciter et de glorifier. Pour lui, c’est simple et cela justifie toutes les OPEX, aventures coloniales d’aujourd’hui avec ses amis Trump, Merkel et Poutine : Gloire aux bourreaux, honte aux victimes !

Nous joignions à ce  communiqué quelques exemples illustratifs des pelotons d’exécution.

C’est aussi pourquoi, la Libre Pensée organise le 11 novembre  autour des monuments et lieux pacifistes dans ce pays, une centaine de rassemblements pour que Maudite soit la Guerre ! Elle appelle les pacifistes, les internationalistes et les laïques à y participer massivement.

(Voir sur notre site les lieux et heures des rassemblements)

Maudite soit la Guerre !

Maudits soient les Fusilleurs et leurs complices !

Chauny, le 7 novembre 2018