A l’initiative du Délégué Militaire départemental Adjoint de la Haute-Garonne, le recteur de Toulouse propose un concours d’écriture à toutes les classes de 3e, publiques et privées, de l’académie, publiques et privées, de l’académie. Il s’agit de « créer un chant » en « hommage aux combattants tombés en opérations extérieures », chant qui sera interprété lors des cérémonies du 11 novembre 2022 par les chorales des collèges. La musique est déjà composée par un professeur de Toulouse « en relation étroite avec le lieutenant chef de la musique parachutiste de Toulouse ». C’est un « projet interdisciplinaire de large portée » pour « mettre en avant les valeurs de notre nation. »
Cette « création » est très encadrée : 2 couplets de 8 décasyllabes et un refrain de 8 octosyllabes. Au cas où les élèves manqueraient d’inspiration, le recteur suggère quelques idées. Pour le premier couplet : « départ en mission vers un pays étranger, enthousiasme, voyage, dépaysement géographique et culturel, chocs culturels, adaptation nécessaire… »
Pour le 2è couplet : « idée des combats, usure, sentiment d’éloignement, nostalgie, baptême du feu, sacrifice… » Pour le refrain : « amour du métier, valeurs militaires, patriotisme, mise en pratique des gestes appris en formation, code d’honneur du soldat, dépassement de soi, recherche d’excellence, fraternité d’armes, cohésion, acceptation du risque, maîtrise de ses peurs, sur les pas des anciens… »
Pour ce faire, deux inspecteurs d’éducation musicale et un inspecteur d’EPS ont été mobilisés. On constate l’absence des inspecteurs d’histoire et de lettres. Ont-ils déserté ? On les comprendrait.
Pour le recteur, les objectifs sont clairs : « renforcer le lien Armée-jeunesse, contribuer au développement de la connaissance et de la reconnaissance du sacrifice ultime des militaires pour les valeurs de notre nation. » Les OPEX feraient donc partie des « valeurs de notre nation. »
Mais comment approuver l’envoi de milliers de soldats dans un pays officiellement indépendant qui n’a rien demandé de tel, pour défendre non pas la paix, mais les profits des grandes sociétés multinationales qui s’approprient l’uranium, le pétrole, le gaz et les richesses minières ?
Comment accepter que l’on puisse appeler « patriotisme » le fait que des soldats meurent pour Bouygues ou Bolloré, pour Total ou pour Elf ?
Comment, par exemple, tenir pour démocratique l’opération Barkhane déclenchée sans la moindre discussion, le moindre vote au Parlement ?
Comment continuer à taire l’immense pollution produite par une armée ? L’armée allemande, par exemple, qui est loin d’être la plus importante, émet chaque année beaucoup plus de C02 que l’ensemble des Allemands qui vont au travail avec leur véhicule.
Comment souffrir un accord comme l’accord France-Mali qui stipule que l’armée française jouit d’une totale impunité si les opérations militaires entraînent des morts parmi les civils. On se souvient qu’en janvier 2021 il y eut 22 morts parmi les invités d’un mariage !
Comment ne pas comprendre les manifestations des Maliens qui, en octobre 2020, brûlent un drapeau français et crient « Mort à la France », « France dégage ! », « Barkhane dégage ! », « Vive le Mali un et indivisible ! »
La Libre Pensée dénonce le recteur de Toulouse qui se propose de faire participer les collégiens à leur propre endoctrinement.
La Libre Pensée combat le rapprochement Armée-jeunesse, la militarisation de l’école que veut réaliser le SNU : port de l’uniforme, garde-à-vous, apprentissage de la soumission, marche au pas pour rejoindre les diverses activités, ignorance et obscurantisme. Qui apprendra aux collégiens que la France est le 3è exportateur d’armes, qu’elle livre à l’Arabie Saoudite et aux E.A.U. des armes utilisées parfois contre les civils. Qui leur dira que pendant la pandémie, les dépenses militaires ont augmenté de 2,6% quand on manquait de tout dans les hôpitaux, si l’objectif des recteurs est de célébrer les OPEX ?
Persuadée que « la désobéissance est la vertu primordiale de l’homme » (Oscar Wilde) la Libre Pensée, organisation pacifiste, participe au collectif « NON au SNU » avec de nombreuses associations et syndicats. Elle défend ainsi les libertés de la jeunesse et de tous les citoyens.
Nicole Aurigny
image mise en avant : Un bataillon scolaire défile à Breteuil (Oise) en 1890.
photo 2: Par Auteur inconnu — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=41074178