La Ligue de l’enseignement tenait son 98ème congrès à Metz entre le 24 et le 26 mai 2022.
Pour les représentants des quelques 103 fédérations départementales, près de 30 000 associations locales et 1.6 millions d’adhérents, c’était, en quelque sorte, un retour aux sources. En effet, c’est à Metz en 1867 que Jean Macé fonde le premier cercle de la Ligue, s’inspirant de la création de la Ligue de l’Enseignement belge, crée en 1864 par un groupe de libres penseurs belges.
C’est tout naturellement que la Fédération Nationale de la Libre pensée a accepté l’invitation à participer aux travaux du congrès de Metz, au même titre que la Ligue des Droits de l’Homme, association constitutive avec l’Union Rationaliste du « Bloc historique ».
Nous remercions Michèle Zwang-Graillot, présidente nationale et Ariane Azéma, déléguée générale, pour l’amical et souriant accueil qu’elles nous ont réservé.
Le congrès a commencé par une conférence magistrale dite par Bernard CHARLOT, professeur honoraire des sciences de l’Éducation à l’Université de Paris 8 . Bernard Charlot vient de produire un livre (« Éducation ou Barbarie », Economica) qui « porte l’idée qu’il faut réintroduire la question de l’homme dans l’éducation ». Selon l’auteur, les différents courants de pédagogie, nouvelle ou traditionnelle, « proposaient un type d’Homme à éduquer ». Un Homme fondé sur des valeurs, des normes et des désirs. Aujourd’hui, l’éducation est pensée dans une logique de performance dans un marché concurrentiel : on éduque pour avoir un bon travail plus tard. Pour Bernard Charlot, c’est la fin de l’Éducation et le début de la barbarie. « Ce n’est pas un livre pour donner une réponse à la question “éducation ou barbarie ?”, mais c’est un livre pour demander qu’on pose à nouveau dans notre société contemporaine la question de la signification de l’éducation et de ce que nous faisons avec nos enfants ». Dans cette conférence énoncée en direct live depuis le Brésil, il s’en expliqué dans le silence studieux des quelques 400 délégués présents.
Cette intervention a, en quelque sorte, « cadré » les ateliers qui ont suivi puisqu’il s’agissait de déterminer les leviers à disposition pour l’ « Éducation du futur » :
-
« Agir par l’Éducation populaire » et la mobilisation de l’ensemble des acteurs éducatifs ;
-
« Agir par l’école publique », quel rôle pour les enseignants, l’ensemble des personnels de l’Education Nationale « pour transformer l’École des inégalités et du tri social » ;
-
« Agir par les « territoires » » et l’épineuse question de la place des « temps éducatifs » à l’échelle des territoires.
L’après-midi était consacrée à des thèmes qui traversent actuellement le champ public comme par exemple la « transition et urgence écologique de l’éducation au développement durable vers l’éducation à l’anthropocène », c’est-à-dire « une ère nouvelle, où l’homme est devenu l’un des principaux facteurs de l’évolution » (du climat, de la biosphère, etc …), ou encore la formation professionnelle du XXIème siécle. Un atelier a permis d’échanger sur l’Education artistique et l’engagement de la « bataille de l’imaginaire »
Samedi matin, Thierry BEAUDET , président du Conseil Économique et social et Environnemental a ouvert la session par une intervention sur le rôle de la société civile face aux défis démocratiques, empreinte d’inquiétude devant la montée des problématiques issues du résultat du premier tour de l’Election présidentielle, à savoir, la persistance d’une situation marquée par une très forte abstention et aussi par des phénomènes aussi importants et aux multiples conséquences et impacts comme la présence de l’extrême droite au second tour de la présidentielle, la place des réseaux sociaux, etc… qui selon lui demandent une étude approfondie et une action de la société civile.
Les Ateliers qui ont suivi ont permis d’aborder ces problèmes sous différents angles. J’ai participé à l’Atelier « Epuisement démocratiques : quels rôle de la société civile pour une République effectivement démocratique ? »
A cette occasion, les interventions de Yannick Blanc, président de La Fonda et Bernard Manin philosophe, ont permis d’éclairer sur l’avantage que présente la démocratie représentative, à l’heure où l’idée de référendum parcourt toutes les sphères politiques, aux fins d’imposer les politiques publiques de plus en plus refusées.
Ils ont proposé des axes pour faire évoluer la situation de sorte que les citoyens se sentent plus impliqués dans les processus de décision. De quoi réfléchir assurément.
De fait, les thématiques abordées lors de ce congrès ne peuvent que positivement résonner à l’oreille de notre Fédération nationale à l’heure de la sortie des Actes du VIII ème congrès de l’AILP à Madrid sur la défense de l’enseignement laïque, mais aussi à l’heure de la bataille que nous livrons contre la loi « séparatisme ».
Une visite de nos fédérations aux instances locales de la Ligue permettrait d’avancer dans tous ces débats, assurément !
José ARIAS