Note de lecture : La cause de l’Irlande par Philippe Besson

Note de lecture

La cause de l’Irlande par Philippe Besson

 

Voilà un ouvrage qui sera très utile à tous ceux que le sujet de l’Irlande intéresse, passionne, et fait rêver. Voilà le récit d’une saga irlandaise qui pose pierre après pierre tous les éléments de compréhension sur le passé, le présent et l’avenir de cette ile qui engagea de tout temps l’imaginaire de la conscience humaine.

Rappelons-nous que c’est dans un meeting de solidarité internationale envers les peuples irlandais et polonais que fut fondée le 28 septembre 1864 à Saint-Martin‘s Hall à Londres la glorieuse et immortelle Association internationale des Travailleurs, la Première Internationale de Marx, Engels, Bakounine.

C’est pourquoi, depuis lors, tout militant réellement internationaliste a les pieds dans la glaise dans le pays où il est pour combattre les injustices, la tête dans la voute étoilée pour rêver d’un monde meilleur et plus éclairé et son cœur bat toujours pour l’Irlande martyrisée, persécutée, opprimée, mais toujours indomptable. La préface de Jean-Marc Schiappa en témoigne aussi.

Saga irlandaise, certes, mais cet ouvrage permet de comprendre qu’un autre avenir se dessine, appuyé sur la tradition de lutte multiséculaire et malgré les défaites et les reculs, des avancées ont eu lieu sur lequel le peuple irlandais, uni de Belfast à Dublin, avance inexorablement vers la résolution positive des deux questions essentielles que la vie lui pose :

    • L’unité du pays et de son peuple contre la partition infâme.
    • L’avènement plein et entier de la République, unie, égalitaire et laïque contre la monarchie oppressive du Royaume-Uni.

 

Sous une apparence de guerre de religions, l’auteur montre qu’il n’en est rien, le conflit est sur une base démocratique pour l’égalité de tous. Il montre comment dans l’histoire catholique, protestants, anglicans, presbytériens ont su trouver parfois les voies et les moyens pour s’unir pour le Droit. La réelle lutte a toujours été celle des opprimés contre les oppresseurs.

D’ailleurs, ici comme ailleurs, tout est symbole. Les deux drapeaux qui furent élevés lors de la Pâques 1916 pour marquer la proclamation de la République par l’insurrection appuyée essentiellement sur le mouvement ouvrier et socialiste de James Connolly, furent le drapeau vert avec la harpe celtique (le rêve par la couleur des campagnes et l’art de la musique traditionnelle) et un autre vert, blanc et orange, le Vert pour les Irlandais, l’Orange pour les Protestants, le Blanc marquant la paix et l’union.

Le mouvement ouvrier, depuis sa constitution, a donné ses lettres de noblesse à la lutte pour l’indépendance et l’unité de l’Irlande. Dans le sillon de la Révolution russe d’octobre 1917, Philippe Besson déroule l’histoire des soviets irlandais. James Connolly le dira avec force et vigueur : « La cause de l’Irlande est la cause du mouvement ouvrier, la cause du mouvement ouvrier est la cause de l’Irlande ».

Il montre avec force et détails que le clergé de l’Eglise catholique a toujours tourné le dos à l’aspiration unitaire et égalitaire. Entre le faible et l’opprimé, le Vatican et ses séides a toujours choisi le fort contre le faible. Il cite les déclarations infamantes des Evêques irlandais refusant de défendre les détenus comme Bobby Sands qui mourut avec plusieurs de ses compagnons d’armes dans une grève de la faim jusqu’au bout pour faire reconnaitre juste ce qu’ils étaient : des prisonniers politiques. Les prélats mirent à égalité l’armée anglaise qui réprimait, emprisonnait et assassinait les républicains irlandais et les militants de l’IRA qui luttaient, avec la seule arme à leur disposition : leur vie, pour faire reconnaitre leur juste droit.

L’histoire de l’Irlande est aussi contée en détail, de la colonisation par Cromwell qui fit une version anticipée de « la valise ou le cercueil» et aussi de la Grande famine de 1846 qui détruisait le peuple irlandais et dont il ne se remit jamais. Il y a deux fois moins d’habitants aujourd’hui qu’avant cette tragédie. Ceci conduit à un immense exil des irlandais à travers le monde.

La bibliographie à la fin du livre et surtout la recension de tous les articles, revues, communiqués de la Libre Pensée dans ses revues diverses montrent à l’évidence l’intérêt porté par notre organisation à la lutte du peuple qui derrière le Sinn Féin (nous-même en gaélique) et au son de A Nation Once Again (Une nation une fois de plus), trace son chemin de liberté. Les communiqués de la Libre Pensée, saluant les victoires de la démocratie et des libertés (mariage pour tous, divorce, IVG), montre que le peuple irlandais est en marche vers son émancipation.

Une grande place est aussi donnée dans l’ouvrage sur la question des crimes de pédophilie du clergé, de l’exploitation ignoble et barbare des filles-mères dans les entreprises commerciales de l’Eglise catholique et des 800 enfants enterrés à Tuam. C’est le triste livre des méfaits de l’emprise cléricale sur les corps et les consciences et de la mise en application de la Doctrine sociale de l’Eglise. Mais là aussi, rien n’est plus comme avant. Le silence étouffant et complice des soutanes a fait place à un séisme qui emportera toute l’Eglise. La société ne veut plus être complice des crimes du clergé. Elle balaiera le honteux dispositif de partition de 1921 voulu et soutenu par le Vatican. Beaucoup en Irlande appelle le Home Rule (loi sur la partition décidée à Londres), le Rome Rule pour dénoncer le talon de fer du Vatican.

Comme le disait Jane Donnelly, militante athée irlandaise : « Ces enseignements religieux (catholiques) et la plupart des religions, considèrent toujours les femmes comme de seconde classe. Si vous voulez comprendre comment une idéologie religieuse peut nuire aux femmes et aux enfants, ne cherchez pas plus loin que l’Irlande. » L’ouvrage mentionne aussi tous les rapports officiels qui se font jour pour montre la barbarie ecclésiastique contre les enfants, les femmes et les handicapés de la vie.

L’ouvrage se termine sur l’interview que Martina Anderson (emprisonnée 14 ans dans les geôles anglaises), représentante du Sinn Féin en Europe, a accordé à la Libre Pensée et qui explique bien le combat actuel des Républicains irlandais et donne son analyse de l’Accord de Paix du « Vendredi Saint » de 1998 et du Brexit. Le Sinn Féin entend s’appuyer sut tout ce qui est à sa disposition pour avancer vers l’unité de l’Irlande dans le cadre d’une République unie et égalitaire. Elle indique que le Sinn Féin s ‘est prononcé clairement pour la Séparation de l’Eglise et de l’Etat et entend que toute la lumière soit faite sur les crimes et turpitudes du clergé catholique.

Ce livre aurait pu s’intituler : « Tout ce que vous avez toujours voulus avoir sur l’Irlande sans jamais oser le demander ». Il est à recommander.

Christian Eyschen

La Cause de l’Irlande par Philippe Besson – Editions Théolib – 278 pages – 22€ + 5€ de frais de port. A commander à Théolib 3 rue du Château 34320 Fontès (redaction@theolib.com) ou à la librairie de la Libre Pensée 10/12 rue des Fossés saint-Jacques 75005 Paris (librairie@fnlp.fr)

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