Papy Zinzin, le retour

Sur Médiapart : Papy Zinzin, le retour

 

Dans une récente livraison, le media de la droite-extrême (pour ne pas dire de l’extrême-droite) Boulevard Voltaire donne la parole à Michel Viot. Il est présenté comme suit : « Le père Michel Viot, qui fut évêque luthérien de Paris et ancien dignitaire de la Grande Loge nationale française, seule obédience maçonnique régulière en France, fonctions abandonnées depuis 2000 et 2001, est membre de la pastorale diocésaine des funérailles du diocèse de Paris et prêtre coopérateur à Notre-Dame de Lourdes. »

Il n’est pas un inconnu pour la Libre Pensée, nous y reviendrons dans ce billet.

Voici ce que l’on peut lire dans Boulevard Voltaire : « Dans un livre d’entretiens récent préfacé par Paul Deheuvels, membre de l’Institut et publié par Via Romana, le père Michel Viot et Yohan Picquart, écrivain et professeur de lettres s’interrogent sur la méthodologie et les objectifs du rapport CIASE. Un livre dont « l’esprit critique » a même été « salué » par la revue Golias. »

Gabrielle Cluzel : Dimanche 10 juillet, le président du Fonds de secours et de lutte contre les abus sur mineurs dans l’Église catholique (SELAM), Gilles Vermot-Desrochesa affirmé avoir procédé au versement de six réparations financières à destination de victimes de faits pédocriminels au sein de l’Église. On apprend que l’Église catholique a déjà réuni 13 millions d’euros pour les victimes d’actes pédophiles. On sait que l’Église a commencé à vendre certains de ses biens pour indemniser les victimes de pédophilie. Quel regard portez-vous sur cette démarche ? 

Michel Viot et Yohan Picquart : Cela pose, de plus, des problèmes juridiques. Car pour s’en tenir à la seule loi civile, une association diocésaine qui fonctionne selon les modalités de la loi de 1905 ne peut utiliser ses fonds que pour le fonctionnement du culte au sens large. Aussi faut-il souhaiter qu’il y ait eu accord entre l’Église et l’État pour que tout se passe dans le cadre de la loi.
 
G. C. : Dans votre livre d’entretiens intitulé sans détour Le rapport Sauvé : une manipulation ?, vous avez fortement critiqué la méthodologie du rapport CIASE, qui conclut au chiffre de 330 000 victimes, dont 216 000 par des religieux. Vous mettez en cause sa technique des panels, les périodes considérées, son biais idéologique… Pourtant, ce rapport est aujourd’hui la pierre angulaire de toute réflexion sur le sujet. Pour ainsi dire un nouveau dogme de foi. Ne vous sentez-vous pas un peu seuls ? 

M. V. et Y. P. : Nous l’avons critiqué en effet. Rappelons les points que vous soulevez. Les chiffres, tout d’abord, qui ont été la base de la communication du rapport. Nous démontrons que les méthodes ne tiennent pas debout et que les chiffres n’ont aucune consistance. Plus d’un statisticien de premier plan a tiré la sonnette d’alarme sur les défaillances méthodologiques évidentes de l’étude en question. Les mots de Paul Deheuvels (membre de l’Institut et de l’Académie des sciences, personnalité mondialement reconnue), dans la préface du livre, sont en ce sens sans appel : « J’ai été surpris par la multitude d’approximations et d’erreurs méthodologiques présentes dans ce sondage, et en ai tiré la conclusion qu’il manquait de crédibilité. » Quelques membres de l’Académie catholique, et non des moindres, pensent de même, nous ne nous sentons donc pas seuls.

Sur les périodes considérées, il aurait fallu éviter l’anachronisme fondamental qui irrigue l’ensemble du dossier : si l’on souhaite parler de dimension « systémique », c’est bien à l’ensemble de la société et des institutions d’une époque bien délimitée que cet adjectif est appelé à s’appliquer.
 
G. C. : Vous voyez dans ce rapport une attaque globale de l’Église, rendue responsable, aux yeux du monde, de façon systémique. Comment cette question terrible – que l’on ne pouvait pourtant pas laisser plus longtemps sous le boisseau – aurait-elle dû être abordée selon vous ?

M. V. et Y. P. : Nous l’avons souligné à maintes reprises : il était nécessaire que cette question terrible soit traitée. Encore eût-il fallu que celle-ci soit traitée de manière sereine, comme doit l’être tout acte de justice, et sans parti pris… Saluons en cela la perspicacité des évêques espagnols qui ont souligné que, tout en s’engageant dans une entière coopération avec la justice civile du pays, il était hors de question qu’ils servent de bouc émissaire à l’ensemble de la société espagnole. Ils souhaitent aussi, par souci pour les victimes, une enquête sur l’ensemble de la société. Le journal Golias a raison d’écrire que ces crimes demandent plus qu’une étude, mais une enquête devant déboucher sur des actions concrètes. »

C’est assez extraordinaire que les Bas du Front prennent comme référence Golias, revue parait-il d’extrême-gauche. Il est vrai que le Christ, sur le Golgotha était entouré de deux larrons, Gemas le Mauvais et Dimas le Bon. Il y a toujours plusieurs demeures dans la « Maison du Père ! ». Mais la symbolique veut qu’il n’y ait pas de Christ au calvaire sans les deux larrons. Et que ta main droite ignore ce que fait ta main gauche.

Il est aussi stupéfiant que l’argumentation pour tenter (sans succès) de démolir le rapport accablant de la CIASE consiste à dire : pour parler de la pédophilie dans le clergé, il faut noyer le problème dans la société toute entière ! Il y a tant de criminels ailleurs pourquoi nous embêter avec cela ? Cela s’appelle le jeu de la patate chaude et dénoncer son voisin.

Par ailleurs, il faut oser se servir de la loi de 1905 pour sous-entendre que l’Eglise ne peut pas utiliser ses fonds pour dédommager les victimes. La Fédération nationale de la Libre Pensée est en train d’établir que la fortune de l’Eglise se monte à des milliards d’euros. Le « milliard des congrégations » de 1904 a fait beaucoup de petits.

La Libre Pensée, sur la base des inventaires laïques que ses Fédérations départementales ont établis, montrera prochainement, sans aucune contestation possible, que l’Eglise catholique en France, à la tête d’une immense fortune, non seulement DOIT payer pour réparer les crimes de son clergé mais PEUT payer.

Il est aussi illustratif que dès qu’il s‘agit de payer, l’Eglise catholique a des oursins dans la poche. Déjà sous Louis XV, quand celui-ci voulait mettre en place un impôt un peu moins injuste (le fameux 20éme), le Clergé fit capoter la réforme pour ne pas avoir à payer. C’est une longue tradition.

Qui est Michel Viot ?

Un homme de conviction, c’est sûr ! Il fut protestant et membre de la Grande Loge de France, il se convertit à la religion catholique et rejoint la Grande Loge nationale Française, en injuriant la GLDF, puis quitte les colonnes du Temple quand il devient prêtre. Maintenant, il pourfend le Grand Orient de France. La charité chrétienne lui semble inconnue.

Au temps où il était à la GLNF, on le voyait souvent à la télévision pour y parler Maçonnerie … ou de la Cage aux Folles (sic !) Au temple des Billettes, il s’était illustré en remettant des crucifix partout, en rétablissant l’interdiction pour les laïcs de s’approcher par trop de la chaire, puis en prônant la destitution des femmes-pasteurs et en célébrant Marie-Antoinette.

Nous lui avions fait un sort en 2015 quand il avait sur son blog attaqué la Libre Pensée en tant qu’aumônier national des Anciens Combattants.

Morceaux choisis :  « Encore la Morne pensée ! Je ne peux plus en effet lui laisser son qualificatif de « libre », tant son action démontre le contraire.  Ce qu’elle fait relève de la monomanie ou de la possession démoniaque, les deux sans doute. Quant au mot pensée… ! Oui pourquoi pas, les rats pensent bien. Cela dit, beaucoup se demandent comment une association aussi petite, portant dans ses règlements de véritables incitations à la haine entre citoyens d’une même patrie, peut être tolérée dans une République qui prétend lutter contre les discriminations. Toutes les phobies sont dangereuses. Je constate cependant que, si à juste titre on lutte contre l’homophobie, on ne fait rien contre la christianophobie. Pire nos magistrats, indépendants pourtant, viennent de lui donner raison plusieurs fois. Il est vrai que si ce sont les mêmes que ceux qui ont construit le mur des cons, cela n’a rien d’étonnant…

Dernière prouesse judiciaire, l’obligation pour la ville de Ploërmel, dans le Morbihan, de faire disparaître la statue de Saint-Jean-Paul- II de l’espace public, laïc comme chacun sait. Elle est jugée comme signe religieux ostentatoire ! Après viendra le tour des calvaires bretons et l’on demandera la suppression des pardons et de toutes les processions….

La « morne » pensée nous ramène au temps de la Terreur (1793-1794) où l’on eut le projet de démolir la cathédrale Notre-Dame comme signe des anciennes superstitions. Elle ne fut sauvée que par sa transformation en Temple de la déesse Raison, culte révolutionnaire athée….

Toujours pour le monde musulman, le triomphe actuel de la Libre Pensée à Ploërmel ne s’explique que par le soutien que lui apporte la Franc-Maçonnerie (celle du Grand Orient, bien sûr, mais l’Islam ne fait aucune différence avec les autres)….

Tout comme les français djihadistes sont traitres à l’égard de la France, ceux qui s’attaquent à ses valeurs morales séculaires sont leurs complices et les alliés objectifs de l’État islamique. Ils donnent à penser que la France est un pays spirituellement vide, à conquérir donc et prêt à recevoir « la vérité de l’Islam » ! C’est pourquoi je n’hésiterai pas à dire en ce moment où nous commémorons le 70ème anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale que la Libre Pensée et ses alliés et sympathisants sont à l’État islamique ce que Pétain était aux nazis, l’excuse de l’âge en moins. »

Le style, c’est l’homme.

Et cet homme est un triste sire, réactionnaire et xénophobe. A coups sûr, c’est un témoin de moralité exemplaire pour Boulevard Voltaire.

On a les amis que l’on peut.

 

Christian Eyschen

Cet article est paru sur le blog Mediapart de la Libre Pensée

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