Message de la Fédération Nationale de la Libre Pensée au Congrès de la Fédération Française de Crémation Les 13 et 14 octobre à Amboise (Indre-et-Loire)

Mesdames, messieurs,

Cher(e)s amis, chers camarades,

Je vous apporte le salut fraternel de la Commission Administrative Nationale de la Libre Pensée dont je suis membre et qui m’a mandaté pour la représenter.

Nous vous remercions chaleureusement de votre invitation à vous adresser un message à l’occasion de votre Assemblée Générale.

Nous nous félicitons des relations qui unissent nos deux associations, ce qui nous amène à conduire des actions communes pour la liberté de conscience.

Nous agissons respectivement pour l’émancipation des hommes et des femmes, pour les libertés, notamment la liberté de conscience, celle de croire ou de ne pas croire, pour le droit (ultime) de décider notre mode d’obsèques et de sépultures, pour le respect des convictions du défunt au plan philosophique et religieux.

De tout temps, les Églises et l’Église catholique en particulier ont cherché à régenter nos vies, nos consciences. Les hommes, les femmes et les enfants devraient se plier aux dogmes religieux. Pour les Églises, c’est Dieu qui est le seul maître de nos vies, de notre naissance à notre mort.

C’est pourquoi l’Église conteste le droit à l’avortement, actuellement brutalement remis en cause, y compris dans les pays où il avait été arraché. L’Église, ne l’oublions pas, avec Jean-Paul II en particulier, s’est opposée à l’utilisation du préservatif ou en a freiné l’usage, ce qui a eu des conséquences désastreuses sur la propagation du SIDA, particulièrement en Afrique, mais pas seulement.

L’Église est contre la GPA, la PMA…

Elle exerce une pression sur les chercheurs en matière de recherche sur l’embryon et les cellules souches, et de ce fait retarde les travaux des scientifiques dont les découvertes pourraient prévenir certains cancers, ou de mieux les traiter.

Concernant la fin de vie, l’Église s’oppose (elle n’est pas seule) à ce que soit votée une loi qui reconnaitrait le droit de mourir dans la dignité.

C’est le combat de l’ADMD.

La Libre Pensée milite aussi pour ce droit, pour que chacun puisse décider de la fin de sa vie.

Notre corps, notre mort nous appartient !

Nous ne voulons pas qu’on nous impose au nom d’un dogme religieux la souffrance physique, psychologique et la déchéance.

Dans ce domaine comme dans d’autres, les libertés fondamentales individuelles et collectives (liberté d’expression, de manifestation, de réunion, droit de grève…) sont mises à mal.

Vous le savez, c’est la loi du 15 novembre 1887 qui a instauré la liberté de choix du mode d’obsèques et de sépulture.

L’Église catholique s’est pendant longtemps opposée à la crémation (celle-ci ne serait pas compatible avec le dogme de la résurrection des corps).  Elle préférait les brûler vivant sur des bûchers.

Le combat à la fin du XIX° siècle pour les enterrements civils a été âpre. La Libre Pensée, avec les républicains et d’autres, y a pris toute sa part. Les archives des journaux et gazettes de l’époque en Indre-et-Loire nous décrivent bien des évènements conflictuels dans de nombreuses communes de ce département.

La Libre Pensée allemande combattait pour le droit à la crémation et elle était en même temps un mutuelle-assurance permettant des obsèques dignes à tous ceux qui ne pouvaient pas payer. Vous le voyez, ce combat nous est commun.

Votre association s’est constituée en 1930 pour faire valoir notre droit ultime. Mais nous savons que le libre exercice de ce droit est une conquête de la sécularisation de notre société dont le point d’orgue est toujours la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’Etat.

Depuis les années 1960, l’Église tolère la crémation, mais la déconseille.

Il y a toujours des partisans des dogmes pur et dur pour s’opposer à la crémation. C’est aussi le cas pour le culte musulman et le judaïsme.

L’Église, pour ne pas perdre plus d’influence, a dû s’adapter. Ils ont expliqué que l’âme résiste au feu.

Rien n’est définitivement garanti. Le combat pour la liberté de conscience est permanent et d’actualité, on le voit avec la loi sur le séparatisme.

En matière de funérailles, il est difficile de faire respecter la liberté de conscience quand il n’y a pas assez de crématoriums dans le pays, et c’est la même chose pour les salles municipales pour les hommages laïques aux défunts.

Le combat que vous menez est un combat humaniste, utile et nécessaire. C’est pourquoi nous sommes à vos côtés. Je souhaite, au nom de la Libre Pensée, le plus grand succès à votre congrès, que les discussions et les décisions permettent le développement de votre association et que nous poursuivions nos combats communs.

Je vous remercie.

Alain Jouannet