Traditionnellement, comme une perspective d’avenir, les Libres Penseurs organisent des Banquets « Tête de Veau » pour célébrer, non la mort d’un homme, Louis Capet, mais l’avènement de la Première République.
Le procès du Roi commençait après la fuite à Varennes. L’affaire était faite, il ne s’agissait pas de décider du sort d‘un coupable, mais de couper le lien avec la Monarchie et pour cela, il fallait couper la tête du symbole qui la personnifiait. La mort fut votée par 366 voix (6 voix de majorité), la mort avec sursis recueillit 34 voix, la prison à vie : 319, les travaux forcés : 2 voix dont celle de Condorcet. Philippe Egalité, duc d’Orléans déclarera voter la mort, ce que les royalistes ne lui pardonneront jamais.
Ce procès n’était pas un procès judiciaire ou juridique, il n’y avait aucune base légale pour cela. Il était par conséquent totalement illégal. La Convention était juge et partie, elle fit l’Instruction, le Jugement, la Condamnation et interjettera l’Appel. Il fut même interdit de produire des témoins à décharge. C’était un procès politique et uniquement politique qui reposait sur un axiome : la Nation avait-elle le droit de juger le Roi ? En décrétant que oui, la Révolution et la République proclamait que rien ne pouvait être au-dessus de la souveraineté du peuple.
Comme le fit remarquer Robespierre : avant on disait « Le Roi est mort, vive le Roi ! ». Là ce fut : « Le Roi est mort, vive la République ! » Et comme le nota aussi Jean Jaurès : « C’est la Monarchie française qui eut ses funérailles symboliques le 21 janvier ». Dans un même mouvement, la Révolution et la République se débarrassaient de la religion chrétienne et de la Monarchie qu’elle avait oint jusque–là pour la légitimer. Clovis était bien mort et l’Evêque Rémy aussi avec lui.
D’ailleurs, il est à noter que jamais l’Église catholique et le Vatican, pourtant jamais avares d’un coup de goupillon, ne proposeront la béatification et la sanctification du Roi, pourtant très chrétien. Le culte refusa le culte. Les royalistes même ne firent jamais de Louis XVI une de leurs « héros » dans le Panthéon monarchique. Sa mort ne fut utilisée que contre la Révolution et la République. Il fut le premier Roi a été exécuté et le dernier. Il marquait bien la fin d ‘une époque et le début d’une autre.
Cela pose aussi de grandes questions. Les Libres Penseurs ont toujours été contre la peine de mort, et surtout en matière politique. Mais à la réflexion, si on avait pu juger Hitler, Staline, Pol Pot et tant d’autres assassins dans l’Histoire, ne méritaient-ils pas tous la peine de mort ?
Dans le cas du Louis XVI, ce n’était pas un procès criminel, mais politique. Les problèmes se posaient autrement, mais la question demeure : Fallait-il faire un procès et si oui, sous cette forme ?
Ces Banquets républicains et laïques sont le tremplin naturel pour les rassemblements de la Libre Pensée en septembre 2023 : « Constituante pour la République ! »
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Quelques comptes-rendus
● Les Mées (04) : 28 janvier 2023 : Conférence-débat, suivie d’un banquet libre penseur, 230 ans et une semaine après la décollation du citoyen Capet. 25 participants à cet anniversaire obligé chaque année de la Libre Pensée. William Foucaut, enseignant en Histoire-Géographie, a traité des rapports et différences entre les décapitations de Charles Ier (1649) en Angleterre et Louis XVI (1793) en France, des concepts d’absolutisme, de tyrannie, leur perception par les peuples dans ces 2 monarchies « sœurs », relevant notamment les continuités dans ‘’ l’Etat ‘’, insistant sur leur prégnance moderne et actuelle notamment en France dans le contexte de 5ème république. Le débat passionné a permis d’apprécier mille et une nuances dans ces évènements qui nous concernent toujours aujourd’hui.
L’incontournable banquet « tête de veau », remis à l’honneur dans le département depuis plus de 10 ans par notre doyen en Libre Pensée, Germain Nevière, figure emblématique du Mouvement ouvrier 04, dans l’enseignement, a été fort apprécié par les convives qui ont pu échanger sur les questions actuelles.
● Aube (10) : Le samedi 28 janvier 2023, nous fûmes huit libres-penseurs, soutenus par le jeune photographe à qui nous devons cette photo (merci Auguste !), à nous réunir autour d’une tête de veau. Une fois de plus, notre Président offrit l’apéritif à notre tablée, ce dont le remercions. Bien entendu, nous parlâmes de ce Louis Capet dont nous célébrions la décapitation avec une semaine de retard. Nous ne pûmes nous empêcher de trouver une ressemblance avec Emmanuel Macron, qui tente de rester aussi sourd à la colère du peuple que le sans-tête le fit… De nombreux autres sujets furent abordés, toujours dans une ambiance fraternelle et chaleureuse.
● Cotes d‘Armor (22) : Après l’Assemblée de remise des cartes 2023, les adhérents de la Libre Pensée des Côtes d’Armor ont tenu un repas républicain le samedi 14 janvier dans un restaurant réservé pour l’occasion. Nous étions dix-huit présents dans une ambiance conviviale avec des invités qui ont souhaité partager nos agapes.
Après un petit discours impromptu du Président rappelant le lien entre ce moment et la naissance de la 1ère République, le repas fut interrompu par quelques-unes de nos chansons, poèmes et histoires préférés. Boris Vian, Rimbaud, Marc Ogeret… Avant de nous quitter nous avons repris en cœur tous les couplets de l’Internationale. Ne disent-ils pas l’ensemble de nos combats pour la paix et la justice sociale. Malheureusement, nous avons oublié de graver cet événement dans la pellicule numérique ! L’émotion ? Sûrement pas la dive-bouteille !
● Dordogne (24) : Le 21 janvier dernier, le Groupe Fred Zeller a tenu son assemblée générale. Les débats ont été particulièrement animés et détendus avec de franches rigolades. Mais c’est avec le plus grand sérieux qu’a été élue la Commission administrative, qui sera chargée de mettre en œuvre les résolutions prises et qui accueille désormais deux camarades supplémentaires. Dominique Attingré a été réélue Présidente, Chantal Lesouple vice-Présidente, Jean-Claude Aubertin Secrétaire, Jean-Louis Bagault pour la gestion de nos médias et Philippe Bonn pour les réseaux sociaux. Un communard servi en apéritif clôturait cet après-midi fructueux.
Puis ce fut le « banquet », ouvert à nos invités dont la député de Périgueux, pour commémorer la décapitation de Louis Capet le 21 janvier 1793, pour fêter la chute de la royauté absolue de droit divin. Nous étions 14 pour déguster la tête de veau et sa sauce préparées maison. Certains, découvrant ce plat pour la première fois, ont apprécié !
Deux discours ont été prononcés. Le premier, lu à partir du texte préparé par notre camarade de la Fédération nationale, Pierre-Yves Modicom, faisait un parallèle entre l’absolutisme de Louis XVI et le « roi » de l’Elysée, maintenu au « trône » grâce aux institutions de la Vème République dans un contexte de fin de règne où le peuple est en position de reprendre ses droits : « ça ira ! ». (1)
Le deuxième discours décrivait le supplice du Chevalier de la Barre en 1766. Le combat mené depuis lors pour la liberté, pour la laïcité était symbolisé par la statue du Chevalier, alors que l’obscurantisme, la réaction et la barbarie sont symbolisés par le Sacré-Coeur érigé à Montmartre sur le sang des communards. Ce discours se terminait par un appel à souscription pour qu’une nouvelle statue du Chevalier soit érigée et inaugurée début avril prochain à l’occasion du colloque international des Libres Penseurs.
Repris par la plupart des convives, les chants de la Commune de Paris, émaillés de quelques paillardises ont mis de la gaîté et du baume aux cœurs. Trois de nos invités ont adhéré au GFZ au cours de cette soirée.
● Toulouse (31) : A Toulouse, le banquet républicain dit “tête de veau” a été reporté du 21 au 27 janvier, manifestation pour le retrait de la contre-réforme sur la Retraite du 21 oblige. Le CA, qui s’est d’abord réuni en séance de travail, a ensuite renoué avec cette tradition suspendue depuis la pandémie. La discussion autour des tables a été introduite par la lecture du discours préparé par notre camarade Pierre-Yves au nom de la CAN de la FNLP. Écouté avec une grande attention, il a été chaleureusement applaudi, tant il résonne avec la situation présente.
● Mombrier (33) : Comme chaque année, le 21 janvier, les Libres Penseurs de la Gironde se sont retrouvés pour fêter la chute de la monarchie et l’avènement de la République, à Mombrier, dans la salle municipale, après l’AG du matin et l’élection des instances fédérales.
Nous étions 42 convives lors du repas cette année, dont une dizaine d’amis qui n’étaient pas adhérents de la Libre Pensée (pas encore…) et un peu plus nombreux lors de l’apéritif. Car avant le banquet, les participants prennent l’apéritif, moment chaleureux pendant lequel les discussions vont toujours bon train. C’est aussi le moment du traditionnel discours du Président sur l’actualité (« on est là !»), qui sera publié en éditorial du bulletin.
Valérie Guinaudie, maire de Mombrier et Conseillère départementale nous a rejoints pour ce repas, une excellente tête de veau sauce gribiche, des couronnes (royales !) à la frangipane et du Bordeaux évidemment.
Plusieurs citations pour la liberté de conscience étaient affichées sur les murs de la salle, et d’autres, citations d’encycliques, au XIXème siècle, citations de papes virulentes contre les libertés, contre la liberté de conscience, la liberté de la presse, et même contre la liberté de culte (des autres cultes que catholique évidemment…) ont été lues pendant le repas.
● Grenoble (38) : Après le succès de la conférence du 20 janvier « 230ème anniversaire de la République » dans le Salon d’Honneur de la Mairie de Grenoble où sont intervenus devant une centaine de personnes : Jérôme Soldeville, enseignant, Conseiller municipal, délégué à l’Histoire de la Ville de Grenoble, Jean-Loup Kastler, professeur d’Histoire et doctorant à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Jean-Marc Schiappa, historien, Président de l’Institut de Recherches et d’Etudes de la Libre Pensée, 35 convives ont participé au banquet Républicain « tête de veau » à Moirans ce samedi 28 janvier.
Une soirée réussie qui a été l’occasion de renouer avec la tradition des « communications » en cours de repas. Chacun était invité à préparer une intervention sur le thème de la République. Cinq libres penseurs sont intervenus. Un compte rendu complet paraîtra dans le prochain « Libre Pensée Isère »
● Loire (42) : Dans la Loire, une quarantaines de convives se sont retrouvés pour les deux banquets républicains de la tête de veau… Comme le veut la tradition un texte a été lu au début des repas, préparé par de Pierre-Yves Modicom. Aussi bien à Saint-Étienne qu’à Roanne le 230e anniversaire de la décollation pour haute trahison de Louis Capet a été fêté dignement.
● Le Puy-en-Velay (43) : En ces périodes où les valeurs de la République sont mises à mal, nous nous sommes retrouvés 20 convives pour commémorer, en toute fraternité, la naissance de la République laïque une et indivisible.
● Moselle (57) : Samedi 28 janvier, les Libres Penseurs de la Moselle se sont retrouvés pour le traditionnel banquet républicain « tête de veau », au son de la Carmagnole, à l’occasion du 230ème anniversaire de la décollation du roi. « Louis, le peuple français vous accuse d’avoir commis une multitude de crimes pour établir la tyrannie en détruisant la liberté. » Acte d’accusation de Louis XVI, Convention, 11 décembre 1792
La décollation de Louis XVI est un événement majeur de la Révolution française, c’est ainsi que fût rompue la lignée des rois, permettant à la République de sortir victorieuse et d’en finir avec la tyrannie du pouvoir absolu.
● Clermont-Ferrand (63) : Malgré des empêchements dus aux changements climatiques, l’absence de militants manifestant à Paris, notre banquet traditionnel du 21 janvier a réuni une trentaine de convives au restaurant “La Pergola“ à Clermont-Ferrand dont chacun a pu apprécier la qualité du repas et l’accueil chaleureux des restaurateurs.
Après le discours traditionnel du Président de la fédération (en PJ), notre ami Mohanad Al Abbas, Président de la LDH 63 qui était donc à nos côtés, est intervenu pour rappeler les liens qui unissent nos deux organisations en rappelant le combat en commun mené contre les lois liberticides. Puis, au cours du repas, Christian a donné un certain nombre d’informations sur la situation sociale, rappelant au passage l’urgence du combat contre le SNU. Maryse a fait le point sur le combat de l’ADMD pour une loi sur la fin de vie. Et 22 camarades ont renouvelé leur adhésion…
● Orthez (64) : Vendredi 4 février, une quinzaine de libres penseurs ont participé au traditionnel repas « tête de veau » organisé par la Fédération départementale des Pyrénées-Atlantiques à Orthez. Des raisons de disponibilités nous ont amenés à reporter cette festivité commémorative de la fin de la royauté au-delà du traditionnel 21 janvier, jour anniversaire de la décollation de Louis Capet. A l’heure de l’apéritif, dans une ambiance fraternelle, les convives ont écouté attentivement le discours de Françoise rappelant le sens de cette commémoration, notre attachement à la République et à la laïcité, dénonçant les dérives autoritaires, et concluant son propos par « Vive la République, A bas la Calotte, Vive la sociale !».
● Annecy (74) : Samedi 4 février 2023 a eu lieu le repas républicain ” tête de veau” à Annecy, dans les locaux de la CGT. Une ambiance festive et fraternelle entre les 33 participants, libres penseurs et militants syndicaux et politiques. Réprobation générale contre le vote honteux des 3 sénateurs/fusilleurs de Haute Savoie. Interventions aussi contre le scandale de l’indemnisation des victimes d’abus sexuels de l’Eglise catholique. 5 livres sur Les richesses de l’Eglise vendus. Les présents ont renouvelé leur adhésion 2023 à la Libre Pensée.
● Savoie (73) : cher camarade, voici une photo du repas de la LP 73 que nous avions reporté, le 21 des camarades étant à la marche contre les retraites. Nous étions 22, 5 se sont excusés. Le repas s’est déroulé dans la bonne ambiance, le Président a lu le discours élaboré par la LP.
● Paris (75) : Cette année, la tradition a été quelque peu bousculée à Paris puisque le banquet a eu lieu le 27 janvier au lieu de la date habituelle du 21 janvier, cela pour permettre à nos adhérents de participer à une conférence-débat organisée par l’UJFP sur la Palestine avec la présence d’Ilan Pappé, membre éminent des “nouveaux historiens” qui ont réexaminé de façon critique l’histoire de l’État d’Israël et du sionisme. Nous étions 27 au banquet, nettement plus nombreux que l’année précédente, où, il est vrai, les réticences par rapport à la Covid-19 étaient encore vivaces.
Avant le repas, nous recevions Tyde Rosell pour un exposé sur l’Ecole Bonaventure, dont elle a été une fondatrice au début des années 1990, et dont l’histoire est relatée dans un livre récemment publié et mis en vente à la librairie de la Libre Pensée. Notre libraire Simon, que nous avions sollicité pour dire son impression en tant que lecteur de l’ouvrage, a fait part de son grand intérêt et de son enthousiasme concernant l’ouverture sur le ressenti et les réactions des enfants qui selon lui caractérisent l’école Bonaventure.
Le débat qui a suivi a mis en exergue les conceptions différentes qui peuvent s’exprimer concernant l’école de la République : est-elle globalement et définitivement destinée à être un relais d’une oppression en tant qu’institution de l’Etat et faut-il s’organiser en dehors d’elle, ou faut-il la défendre contre les dégradations qu’elle subit, car elle constitue en définitive le seul cadre possible d’une instruction libérée des dogmes et accessible à l’ensemble de la population ?
Nous retiendrons en tous cas la réflexion de Tyde Rosell sur le caractère décisif de la continuité en matière de pédagogie et de développement de l’individu. Le repas qui a suivi a été l’occasion de nombreux échanges, en particulier sur l’exposé et les problèmes de l’enseignement en général.
● Vaucluse (84) : 20 présents à notre repas du 21 janvier après 2 ans d’interruption suite au Covid. Chaque année se tiennent en janvier des repas républicains autour de la date anniversaire de l’exécution de Louis XVI, l’acte fondateur de la souveraineté du peuple, car c’est bien en mettant fin à la prétendue légitimité divine de la dictature monarchique que la République s’est installée en droit et dans la conscience du peuple français.
Le corps sacré du Roi, monarque du droit divin, auquel s’opposer revenait à s’opposer à Dieu, roi catholique, d’une lignée de persécuteurs des juifs, des protestants, des incroyants, des hérétiques, qui prétendait avoir le pouvoir de guérir par simple attouchement les écrouelles par la grâce du sacre selon la formule « le roi touche, Dieu te guérit », ce corps semi divin traversant les siècles devenait, par la décision de la Convention nationale, un être ordinaire, punissable et mortel comme tous les autres.
« Le Roi est mort, vive le Roi », c’en était désormais fini de ce cri qui faisait de la monarchie à travers le roi un système politique éternel. Le Roi mort, la République pouvait s’affirmer ! Et avec l’affirmation qu’il ne pouvait y avoir d’autre souverain que le peuple, le programme des Lumières, « liberté, égalité, fraternité » appelait tout naturellement la première Séparation d’avec l’Eglise catholique le 21 février 1795. Le combat pour ce programme se poursuit et les libres penseurs en sont partie prenante
● Sable d’Olonne (85) : Ce 21 janvier nous avons tenu notre congrès départemental aux Sables d’Olonne (14 participants); rédaction d’une résolution et d’un communiqué, suivi du repas “tête de veau” (21 convives) et d’une réunion d’échanges avec amis, amies et relations autour de la laïcité
● Yonne (89) : Le repas républicain a réuni cette année encore une soixantaine de personnes. La matinée a été consacrée au rappel des luttes en cours tant au plan national que départemental, à une conférence ayant pour thème ” La France, pays des droits de l’armée” suivie d’une intervention sur le Manifeste de Kiental. L’après-midi s’est déroulé en chansons, avec de vrais morceaux de texte à l’intérieur. (Nous comptons au sein de notre Fédération plusieurs auteurs-compositeurs-interprètes, dont deux, membres du bureau). En ouverture une chanson dédiée aux Fusillés pour l’exemple (Douze plus une) suivie d’une dizaine d’autres avec pour thème, entre autres la Commune de Paris, l’absurdité de la guerre, la connerie humaine (vaste sujet.) Pour conclure cette journée, entraînée par notre camarade Marc Fouquet, (voix de basse dans le chœur de Radio-France), l’assistance a repris des chansons de notre répertoire traditionnel, du Temps des Cerises à l’Internationale.
Au cours de cette journée a été vendue une dizaine de livres concernant l’indemnisation des victimes de l’Eglise (sur les 20 commandés).
● Massy (91) : La LP 91 a tenu son congrès le samedi 28 janvier à Massy : 22 participants dont 4 invités (2 adhésions en perspective). Après une bonne discussion, les rapports d’activités et de trésorerie ont été adoptés à l’unanimité. Le Bureau a été réélu avec une nouvelle répartition des responsabilités : Françoise R devient la nouvelle Présidente, Martine L la nouvelle trésorière et Louis C sera Président d’honneur. La commission de contrôle a été reconduite. 220 € ont été collectés pour la statue du Chevalier de la Barre.
Ensuite Jean-Pierre Moisset, maître de conférences HDR en histoire contemporaine à l’université Bordeaux-Montaigne, a présenté son ouvrage « L’État, l’argent et les cultes de 1958 à 1987 ». L’exposé et la discussion qui s’en est suivie ont été passionnants.
La soirée s’est terminée par le traditionnel repas « tête de veau » apprécié de tous.
● Hauts-de-Seine et Val-de-Marne (92 et 94) : Nous avons terminé l’AG statutaire du 94 par un Banquet fraternel qui, cette année, dérogeait à la Tête de veau… la choucroute fut aussi un grand succès. Nous étions une dizaine de la fédération du 94 et du 92 représentée par Alain Mignet, son Président et Dominique Goussot qui nous ont fait l’amitié de partager ce repas.
Puis, Christophe Bitaud, rédacteur en chef de la Raison, nous a fait un exposé pince-sans-rire- intitulé « Les passagers clandestins de la pensée dite « libre », BHL, Onfray, Finkielkraut et con-sorts » sur les « vertus » de ces dits « philosophes ». La dérision a toujours été indispensable dans la vie mais elle l’est encore peut-être davantage aujourd’hui… Nous avons beaucoup ri ! chacun est parti avec la ferme intention de lire l’œuvre intégrale de Jean-Baptiste Botul !
Le livre « Indemnisation des abus sexuels sur mineurs : un trésor pour laver une infamie » édité par la Libre Pensée sous la direction de Dominique Goussot démontre magistralement que L’Eglise doit payer et peut payer. De nombreux camarades l’ont acheté. Ce livre a contribué à la préparation de l’émission de télévision « Compléments d’enquête » du jeudi 19 janvier. Il établit l’ampleur des crimes de l’Eglise. Une grande réussite et un grand coup de chapeau unanime à Dominique Goussot.
Nous sommes tous repartis rassérénés avec la ferme intention de refaire un banquet partagé entre plusieurs Fédérations parisiennes.
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Discours pour les banquets du 21 janvier 2023
Il y a 230 ans, le citoyen Louis Capet, condamné pour avoir conspiré contre la patrie lorsqu’il était encore chef de l’État, subissait le sort que la loi d’alors réservait aux coupables de haute trahison : l’exécution par la guillotine. L’exécution de celui qui avait été Louis XVI représente une césure dans l’histoire de l’Humanité.
Sans doute, il y avait déjà eu des assemblées délibératives garantes du bien public et conscientes de leurs responsabilités au moment de juger d’anciens tyrans. C’est ailleurs qu’il faut chercher qui rend cet événement unique. Louis Capet n’avait pas été un tyran comme un autre ; il était monarque absolu de droit divin, et avait hérité de ce statut, dans un régime construit longtemps avant sa naissance, au terme d’une longue évolution historique. L’ostracisme athénien, les proscriptions sénatoriales à Rome ou l’exécution de Charles Ier d’Angleterre étaient le fait d’assemblées plus anciennes que le tyran condamné. Ces précédents étaient en partie des querelles entre camps politiques, voire ils étaient le produit de guerres civiles. C’est évidemment aussi le cas de Charles Ier d’Angleterre. Les révolutionnaires anglais étaient animés par un esprit républicain ardent, et ils se percevaient comme le peuple tout entier, mais au départ, ils n’étaient qu’une partie de l’État, le Parlement, et Charles Ier en était une autre. Louis XVI, en revanche, avait hérité d’un trône dont le détenteur n’était responsable que devant Dieu. Sa monarchie était absolue : la Révolution française le fut aussi.
L’assemblée délibérative, les États Généraux, n’avait pas été réunie depuis 1614, avant même la phase finale de constitution de la monarchie absolue. Louis XVI incarnait à lui seul tout ce qui tenait lieu de représentation nationale – il faut bien dire : ce qui en tenait lieu, car l’idée même de représentation nationale n’avait guère de consistance dans de telles conditions. Louis Capet a été condamné par une force qui n’existait pas politiquement quand il est devenu Louis XVI. Il croyait que « tout pouvoir vient de Dieu » et se fit sacrer à Reims. Citer Louis Capet à comparaître et le condamner pour les crimes de Louis XVI, c’était pour la Convention se proclamer compétente pour juger les actes commis avant même la proclamation de la République ; c’était dire que de tout temps, le peuple est juge de ses princes, y compris quand ceux-ci ne se reconnaissent que Dieu comme juge. Tout pouvoir vient de Dieu ? Non : Tout pouvoir vient de la souveraineté populaire.
Et c’est bien parce qu’ils refusaient cela que les Bourbons, en 1815, ont fait condamner pour « régicide » les Conventionnels qui avaient voté la mort du roi : pour effacer l’affront, il fallait nier qu’il s’agissait d’une décision de justice prise en application des lois. Il fallait assimiler cet acte républicain à l’attentat individuel d’un Ravaillac illuminé. Le vrai scandale, pour les Bourbons, c’est la représentation nationale qui s’érige en source du droit et punit un ancien monarque comme un criminel de droit commun. Quand on est roi, on veut bien mourir, mais on veut mourir en roi. Louis XVI est mort en citoyen repris de justice, par la volonté du peuple, et non par celle de Dieu.
Voilà l’acte inouï de la Convention nationale : le peuple tout entier a surgi du néant institutionnel et a pris la place de Dieu. À l’époque, le sens de cette exécution n’a échappé à personne : avec l’ex-Louis XVI condamné comme criminel de droit commun, c’est la monarchie de droit divin qui a été envoyée sur l’échafaud. Le 21 janvier 1793, la lame de la guillotine a irrémédiablement séparé la loi divine et la loi humaine. Ce faisant, la Convention, a mis un terme définitif au monde où cette séparation était impensable. C’est la décollation de Louis Capet qui a rendu possible toutes les autres séparations, et notamment celle de 1905.
Voilà pourquoi, chaque année, nous réaffirmons l’actualité de cette décollation face à ceux qui n’admettront jamais que la volonté générale se substitue à Dieu, face à ceux qui veulent réparer ce que la République a séparé, face à ceux pour qui le hasard de la naissance confère toute légitimité politique. Le parti des curés, des corporatistes et des bien-nés se croit toujours propriétaire de l’État, et c’est bien pour cela que chaque 21 janvier nous devons leur tendre le miroir de Louis Capet. Pour nous, cette page d’histoire n’en finira jamais de s’écrire au présent, tant qu’il se trouvera des gens pour croire que l’État leur appartient, des gens qui penseront que la loi est faite pour les autres, des gens pour qui le 21 janvier 1793 sera forcément un scandale, des gens dont les rêves sont les cauchemars du peuple, alors nous leur rappellerons sans cesse ce jour qui n’en finit pas de les démentir. Et c’est peu dire qu’en ce moment, il y a de quoi faire.
Dans la monarchie élective de la 5e République, les alternances présidentielles se résumaient par la fameuse phrase « tout doit changer pour que rien ne change. » En 2022, ce fut l’inverse : En surface, rien n’avait changé, avec un second tour dupliqué du précédent et une réélection du sortant. Mais en profondeur, tout a changé. La fin de règne a commencé dès les législatives. Les Monarchiens promettaient une « Renaissance », ils rêvaient sans doute de Marignan. Ce fut Pavie. Du point de vue qui est le nôtre, le plus important n’est pas le détail de la composition de l’Assemblée : nous laissons cela à d’autres. Le plus important, c’est qu’en privant de majorité un Président fraîchement élu et réélu, le peuple a mis un terme au mensonge fondateur de la monarchie élective : non, l’élection du Président de la République au service universel n’accorde pas de quitus populaire, elle ne vaut pas mandat, elle n’est pas un chèque en blanc. Or ce mensonge était le voile hypocrite dissimulant vaguement l’obscénité césariste. L’élection présidentielle apparaît maintenant pour ce qu’elle est : une vulgaire parodie de souveraineté populaire, un hochet humiliant qu’on offrait à la volonté générale et par lequel le peuple réaffirmait périodiquement consentir aux lois immuables de l’ordre établi, en premier lieu, bien sûr, la « règle d’or ». Dans ce système, la voix de Dieu n’est pas la voix du peuple, c’est la voix d’un clergé dont la Rome est aujourd’hui à Bruxelles.
Eh bien, c’est fini. Le peuple ne joue plus, le voile est tombé, et le roi est nu. En juin dernier, refusant de laisser les pleins pouvoirs au chanoine de Latran, le peuple a repris le mot d’ordre des Gilets Jaunes, parole révolutionnaire s’il en est : « on est là ». Le peuple est là. Ce qui se passe sonne comme la prémisse d’un nouveau surgissement politique, par lequel le peuple travailleur sortira à nouveau du néant où les institutions l’avaient jeté. Et de nouveau, contre la monarchie présidentielle de droit communautaire, fille aînée de la Règle d’Or, le peuple souverain rappelle que non, il n’y a pas de lois immuables, pas même celle des traités ; pas d’autres sources du droit que sa volonté, et bien sûr, le peuple rappelle que nul n’est propriétaire de l’État. Toute ressemblance n’est pas fortuite.
Alors bien sûr un nouveau théâtre d’ombres se met en place. En tout logique, puisque ce pouvoir est la caricature farcesque d’une monarchie absolue, il recourt au veto exécutif pour s’assurer que si tout change sur le théâtre d’ombres parlementaire, rien ne change dans la réalité du pouvoir. Aujourd’hui, Madame Véto s’appelle Madame 49-3. Rappelons que la dernière fois, cela ne s’est pas très bien terminé pour Monsieur et Madame Véto, et c’est justement ce qui nous vaut de nous retrouver un 21 janvier. On assiste pourtant une accumulation de recours à l’article 49-3 de la Constitution pour faire passer des lois iniques. En ce moment, il s’agit surtout de démanteler les différentes branches de la Sécurité Sociale, notamment l’Assurance-chômage et les retraites.
Mais les contradictions du système s’acheminent vers un paroxysme fatal : après la feuille de vigne de l’élection présidentielle, c’est celle du fameux « parlementarisme raisonné » qui est tombée. Il ne reste aujourd’hui plus que la réalité nue, celle d’un pouvoir absolu, fanatisé, sans gardes-fous, qui n’a pas d’autre boussole que la destruction systématique de ce qui reste de cadre républicain, laïque, démocratique et social dans ce pays. C’est la fuite en avant, à peine ralentie par des scandales de corruption dont la liste écœurante s’accroît de semaine en semaine.
Dans ses spasmes, le pouvoir dissipe la confusion longtemps entretenue, abjure de plus en plus ouvertement son républicanisme de façade. Cela rend la période dangereuse. Les dispositions répressives de la Loi Séparatisme et de la Loi Sécurité Globale vont sans doute abondamment servir dans les mois à venir, car elles sont ce qui reste à un pouvoir monarchique sous les pieds duquel le sol commence à se dérober.
Mais comme disait le poète et révolutionnaire Hölderlin : « Là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve. » Nous ne sommes plus entre chien et loup, dans cet interminable crépuscule des quarante dernières années. Aujourd’hui, chacun voit où est la nuit et où est le jour. Chacun voit le Parti de l’Ordre, les dévots de la règle d’or, le chœur des biens-nés chantant des cantiques à la gloire des racines chrétiennes, du drapeau marial et de l’Union sacrée.
Et chacun voit le peuple. La dichotomie est saisissante. Il n’y a plus un parti contre un autre, il y a le peuple et il y a le pouvoir. « On est là » : il y a un peuple en soi, mais de plus en plus, il y a aussi un peuple pour soi, qui n’a sans doute pas encore trouvé sa volonté, mais qui sait déjà qu’il en a une, et c’est énorme. Car ce peuple qui attend de surgir sait qu’il sera juge de ses princes. Tout pouvoir vient-il de Dieu, de Bruxelles, de Washington ou des marchés ? Non : Tout pouvoir vient de la souveraineté populaire. Cette idée se fraye son chemin d’autant plus vite que le désastre avance. C’est une course de vitesse, et il nous faut la gagner.
En attendant, déjà, quelque chose bouillonne, chauffe et brûle sous la montagne. Quelque chose de contradictoire, de fuyant, d’incontrôlable, mais quelque chose qui porte la Lumière, et dont le feu brûlera les monarques, leurs prêtres, et leurs rêves d’éternité. Place au peuple ! L’ombre de la guillotine n’a pas fini de faire pâlir les rois.
Ça ira !
(Discours préparé par Pierre-Yves Modicom)