Depuis son premier quinquennat, Emmanuel Macron a fait du SNU un étendard de sa politique pour
la jeunesse. En dépit d’une contestation forte dans la jeunesse et chez les personnels et une partie
non négligeable des parents, de faits graves lors de plusieurs séjours SNU montrant la fragilité et le
caractère bancal de ce dispositif, le président de la République s’entête ! Dernière piste en date :
une généralisation progressive qui passerait, dès l’année prochaine, par des séjours SNU de 12 jours
sur temps scolaire, dans le cadre de « classes engagement ».
Ainsi, le ministre de l’Éducation nationale et la secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Armées
essayent de sauver le SNU en le raccrochant au temps scolaire, à travers des projets
d’établissements, en confiant de nouvelles missions aux personnels, y compris dans le cadre du
« pacte enseignant ». Ils persistent à faire du SNU un élément de valorisation dans Parcoursup
comme critère de sélection.
C’est à nouveau une baisse du nombre d’heures consacrées aux apprentissages et la remise en cause
du cadre national des programmes, et ce sans oublier les réformes du lycée qui pèsent sur les
parcours scolaires et d’orientation des élèves. C’est également une remise en cause du rôle des
personnels de l’Education nationale tout comme celui des personnels de Jeunesse et Sports, qui ne
sont pas là pour participer à un simulacre de séjour militaire.
Nos organisations dénoncent le coût d’un gadget présidentiel déconnecté de la réalité : plus de 2
milliards d’euros par an en cas de généralisation selon un dernier rapport du Sénat, alors même que
notre service public d’Education manque de tout ! Elles dénoncent aussi l’instrumentalisation de
l’argument de la mixité sociale : à l’heure les annonces ministérielles sur la mixité sociale à l’Ecole
ne sont pas à la hauteur, notamment parce qu’elles ne comportent aucune mesure contraignante
pour le privé, faire du SNU l’alpha et l’oméga de la politique de mixité sociale relève de l’illusion,
voire de la tromperie.
Nos élèves ont besoin d’Ecole, pas de SNU !
Pour l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale, le fait que les élèves de lycée puissent
relever à la fois de l’Éducation nationale et de l’Armée va à l’encontre de leur travail quotidien de
formation de citoyen·nes libres, disposant d’un esprit critique, s’appropriant les notions
d’engagement, de responsabilité et de solidarité.
Nos organisations revendiquent l’abandon de la généralisation du SNU et de son déploiement sur
le temps scolaire et réclament dans l’immédiat le basculement de l’enveloppe budgétaire du SNU
dans l’Education nationale, à la Jeunesse et aux Sports.
Paris, le 10 juin 2023.