Lors de la Marche des Libertés de samedi 23 septembre 2023, nous étions présents avec nos drapeaux. Au début des prises de paroles notre Président départemental et national Jean-Sébastien Pierre s’est avancé vers la tribune pour demander à intervenir.
Il lui a été répliqué vertement que la liste des intervenants était close par les organisateurs depuis une réunion de préparation de la marche.
Jamais la Libre Pensée n’a été prévenue d’une telle réunion. Devant les protestations légitimes de notre Président, le service d’ordre l’a poussé fermement loin de la tribune.
C’est la première fois que des organisations avec lesquelles nous sommes, en l’occurrence profondément d’accord, expulsent physiquement notre organisation en lui refusant une prise de parole qui, au demeurant aurait été courte. Nous en sommes scandalisés.
Scandalisés par le fait de ne pas avoir été invités à ladite réunion par aucun canal. A-t-elle réellement eu lieu ? Nous sommes hors d’état de le savoir.
D’autant plus scandalisés que la Libre pensée 35 s’est adressée à toutes les associations dont elle avait les adresses courriel (au nombre de 109) dès le 16 août pour leur demander s’il y aurait une manifestation rennaise. Nous n’avons eu aucune réponse.
Depuis nous nous sommes enquis plusieurs fois de ce qu’il en était, à plusieurs organisations, sans réponse claire. Le 20/09 nous avons reçu un tract d’appel à la marche signé de 13 organisations confirmant l’invitation lancée par LFI. Nous n’y étions pas, ce qui nous a fortement choqués. Nous avons alors envoyé à toutes les 109 organisations une mise au point indiquant que nous y appelions et voulions-nous y joindre. Aucune réponse de personne (sauf deux organisations syndicales que nous remercions mais qui n’avaient pas d’informations), et « on » (on ne sait qui, en fait) se permet de nous dire que nous avons raté le coche et que nous n’interviendrions pas ? et « on » se permet d’expulser grossièrement le président de la Fédération Nationale de la Libre Pensée ?
Cette situation strictement rennaise, car nous avons pu nous exprimer dans tous les départements où des marches ont eu lieu, notamment à Saint-Malo, Morbihan, Côtes-d’Armor et Loire-Atlantique, est incompréhensible et grave. Pourquoi cet ostracisme manifeste vis-à-vis de la Libre Pensée ? Ces non-réponses, cette mise à l’écart jusqu’au refus d’intervention ? Nous posons à tous cette question du « pourquoi » ?
Nous fournissons ci-joint le texte de l’allocution que notre Président comptait faire laissant le lecteur juge de son adéquation au cadre de la manifestation.
Une chose est désormais sure, ces procédés inamissibles et provocateurs n’en resteront pas là : La Libre Pensée ne combat pas les violences de l’État policier pour que certains appliquent les mêmes méthodes contre elle, la plus vieille association laïque de ce pays. Que les sbires brutaux et leurs commanditaires se le tiennent bien pour dit :
Qui sème le vent récolte la tempête !
La Bastille, le 28 septembre 2023
L’allocution interdite de la Libre Pensée
par quelques sbires un peu brutaux
Chers amis, chers camarades, citoyennes, citoyens.
L’unité qui s’est réalisée ce jour contre les violences policières est historique. Jamais dans les annales du mouvement ouvrier, démocratique, social, on n’a vu 132 organisations aussi diverses s’associer pour les Marches de la liberté que nous connaissons. J’insiste : cette unité inclut des comités de quartiers, en particulier de quartiers dits sensibles, stigmatisés perpétuellement par le gouvernement et les forces policières, abandonnés de fait par l’état, des organisations laïques, démocratiques et républicaines comme la nôtre, des organisations syndicales et des organisations politiques.
Et il ne s’agit pas d’accords d’appareils au sommet. La manifestation d’aujourd’hui n’est pas une opération politico-syndicale, c’est une expression du mouvement profond de la population contre l’injustice, l’arbitraire, la violence étatique des forces de polices.
Les six ans de règne d’Emmanuel Macron peuvent se résumer en six ans de répression et de violence contre tout signe de révolte de la population. Cela a commencé avec le soulèvement populaire des Gilets jaunes, s’est poursuivi avec l’emprisonnement massif de la population lors d’une pandémie à la gestion sanitaire désastreuse qui a révélé l’état de tension terrible de notre système de santé. Cela s’est poursuivi avec les gazages, nassages, et arrestations multiples pendant les grandioses manifestations contre l’injuste réforme des retraites.
Pendant ce temps, on ne compte plus les blessures infligées aux manifestants par les tirs tendus de LBD – dont rappelons si les balles sont de caoutchouc la douille est à poudre, ce sont des armes à feu, les grenades dites de désencerclement, les violences physiques sur des personnes à terre, comme on l’a vu à Rennes même. Comment s’étonner alors, que l’assassinat à bout portant du jeune Nahel lors d’un contrôle routier ait mis le feu aux poudres dans les banlieues et divers quartiers du territoire. Symptômes et réaction de territoires abandonnés des services publics, la seule réponse du pouvoir a été la répression et des centaines d’arrestations en aveugle que la justice n’a pu valider.
On a entendu Emmanuel Macron menacer les familles qui « ne savaient pas tenir leurs jeunes ». Oui, la place des comités de quartier dans nos marches de ce jour est naturelle. On a pu voir et entendre, notamment dans la conférence de presse nationales d’avant-hier l’appel de bons nombres de ces comités au soutien des organisations syndicales, c’est-à-dire au mouvement ouvrier. C’est une marque de ce qui est en marche, et qui ne s’arrêtera pas aujourd’hui.
Les forces de l’ordre n’agissent pas n’importe comment dans n’importe quelle situation. Elles sont le bras armé du ministre de l’Intérieur, lui-même vassal du Président de la République dans cette cinquième qui n’a de république que le nom. La violence que nous connaissons est, il faut le dire et l’Appel national l’a dit sous une certaine forme, une violence d’état. On sait que, pour ce qui concerne nos marches, Gérald Darmanin a envoyé dans son courrier aux forces de l’ordre que «certains (contestataires) n’hésitent pas à profiter de ces manifestations pour vous outrager ou pour appeler à la violence (et) scandent les pires slogans porteurs de haine contre les serviteurs de l’État et les institutions de la République». Comment, sans le dire ouvertement, autoriser la répression ?
La Libre Pensée n’appelle pas à la violence et souhaite que notre marche se déroule pacifiquement, mais l’animosité contre les Darmanin, Borne, Macron et les institutions vermoulues de la Vème République dépasse maintenant immensément les « contestataires » traditionnels. Depuis le coup de force du 49.3 contre les retraites, depuis les lois scélérates « sécurité et liberté » et « visant à conforter les principes de la République » le ressentiment de la population laborieuse et de ses jeunes est profond. Le sentiment d’injustice est considérable, il faut y mettre un coup d’arrêt alors, pour pasticher quelque peu la Marseillaise,
Marchons, Marchons et que nos pas, entravent la répression.
Je vous remercie.
Jean-Sébastien Pierre
Président de la Fédération nationale de la Libre Pensée